Je parle encore/toujours beaucoup de mes questionnements sur l’amitié dans des groupes Facebook, des serveurs Discord et autres plateformes numériques similaires.
Ce matin, je suis tombée sur le message suivant :

Confession anonyme (#5954) - “J’ai l’impression que plus je vais vers les gens, plus je me sens seul.e. Ça ne devrait pas être l’inverse normalement?”
Plusieurs personnes ont répondu (dont moi). Et les réponses étaient… très parlantes.
“Sors et continue d’essayer!”
La plupart des commentaires allaient d’abord dans ce sens : “Get out there! Keep trying!”(“Sors de ta zone, continue d’essayer!”)
“Lâche pas, ça prend du temps de se faire des ami.e.s!”
J’expliquais, en réponse, qu’essayer ne fait pas tout, que c’est long, difficile, fatiguant, et j’ajoutais, entre les lignes, que ce genre de commentaires n’aidaient pas vraiment.
S’en sont alors suivis des “change d’approche!”, “laisse venir à toi”, “baisse tes attentes” et autres conseils de remise en question.
Ce à quoi j’ai répondu :
WHICH IS IT?
(J’envoie beaucoup d’amour et de soutien aux personnes qui entendent les mêmes horreurs à propos de leur vie amoureuse!)
Surtout que, chercher des ami.e.s n’est pas comme trouver du travail (comparaison qui a vraiment été effectuée dans la conversation).
On ne peut pas revoir son approche comme on revoit un CV, quand le but même est de trouver des personnes qui nous apprécieront, NOUS, en tant que personne, pour qui on est.
Comment suis-je censée changer d’approche??
Est-ce que je dois moins montrer certains aspects de ma personnalité?
Est-ce que je dois donc changer pour ces personnes?
Et donc créer des relations boiteuses dès le départ?
Est-ce que ça fait du sens pour vous? Parce que pour moi, absolument pas.
Les traumas et le travail sur soi
Après ces premiers échanges, d’autres personnes ont doucement amené des éléments qui m’ont, je vais être honnête, mise hors de moi.
La question des traumatismes et du travail à faire sur soi était devant nous.
Une utilisatrice, en particulier, expliquait qu’elle s’était fait une réflexion le w.e précédent. Elle s’était rendu compte qu’elle avait tendance à s’éloigner des personnes qui essayaient trop, de peur qu’iels soient codépendant.e.s.
Je pense que ma réaction était ancrée dans mon impression de noyade que je ressens à propos de ces questions d’amitié. Cette impression de ne jamais s’en sortir, de me faire submerger.
Voir une personne, dans un groupe Discord dédié aux rencontres amicales à Montréal, expliquer que, pour elle, les gens qui essayent trop sont automatiquement mis.e.s de côté… ça m’a juste donné l’impression que, tout ça, ce n’est qu’une cause perdue.
J’ai déjà parlé du fait que je trouve cela très triste de trouver que certaines personnes puissent être “trop”. Qu’à l’inverse, nous devrions nous émerveiller devant l’engouement causé par une nouvelle relation, amicale ou romantique.
Que ça devrait nous donner de l’espoir et du baume au coeur.
C’était exactement ça. Une fois de plus.
Surtout, les commentaires tournaient autour des traumatismes, du travail à faire avec un.e psychologue pour “mieux s’accepter”, être moins co-dépendant.e et moins un.e people pleaser.
Comme si tout allait automatiquement ensemble.
À quel point est-ce réducteur?
On peut chercher à se faire des ami.e.s pour une multitude de raisons, surtout dans une ville aussi immigrante que Montréal, où des milliers de personnes viennent et partent chaque année, laissant derrière elles des ami.e.s, plus ou moins seul.e.s après leur départ.
Mais pour ces personnes, tous ces aspects sont intrinsèquement liés : on ne peut pas aller bien et ne pas avoir d’ami.e.s. C’est un peu comme si quelque chose devait forcément clocher.
Je trouve ça extrêmement parlant.
La solitude est une épidémie.
Et, pourtant, il y a encore tellement de tabous sur ces questions, de préjugés et d’idées reçues absolument débiles.
Je pense sincèrement que nous devrions tou.te.s revoir la façon dont nous pensons aux amitiés, et à leur création (surtout).
Nous vivons dans un monde qui nous isole, qui nous sépare de nos communautés. Est-ce que résister est possible, et est-ce un devoir pour tou.te.s?
Merci d’avoir lu jusqu’ici! Vous connaissez quelqu’un qui pourrait aimer ces textes? N’hésitez pas à les partager autour de vous!