J'ai écouté la conversation d'inconnu.e.s

Il y a quelques semaines, j’étais au cinéma avec mon mari à l’occasion des 15 ans du film Incendies, de Denis Villeneuve.

Et avant le début du film, le groupe de personnes assis juste derrière nous parlait à voix haute. Genre, VRAIMENT haute.

Au départ, je ne faisais pas plus attention à ce qui était dit que ça (j’adore regarder les pubs et les bandes-annonces avant ma séance), jusqu’à ce que j’entende :

Et là, forcément, j’ai pas pu m’empêcher de tendre l’oreille.

La personne expliquait qu’iel était ami.e avec quelqu’un depuis la fin du secondaire (fin du lycée, pour mes lecteur.rice.s français.es.), et que, depuis, ces deux personnes étaient restées en contact et continuaient de se voir de temps en temps.

Pourtant, notre individu.e était… le cul entre deux chaises, faute de meilleure expression.

“C’est juste que… depuis le secondaire… on a grandi et évolué… mais pas dans la même direction. Des fois, je me dis même que je préférerais rester seul.e que de passer du temps avec cette personne…”

J’avais envie de crier “MAIS PARLES-EN AVEC LA PERSONNE CONCERNÉE AU LIEU D’EN PARLER AVEC LA PERSONNE ASSISE À CÔTÉ DE TOI AU CINÉ!!!”

(J’ai rien dit, évidemment.)

Ça fait partie de la vie de grandir, d’évoluer, et de prendre une direction différente que les personnes avec qui on partageait tout jusqu’à présent. Surtout après de gros changements de vie, comme la fin des études, un déménagement ou le début d’un nouvel emploi.

Mais ne faudrait-il pas oser en parler? Dire les choses?

L’an passé, il y a quasiment un an jour pour jour, je me suis faite ghoster par un groupe d’ami.e.s.

Oui, oui, tout le groupe en même temps.

(Pour rappel, “ghoster”, c’est “faire le fantôme” ou arrêter de répondre à un proche, d’un coup, sans explications.)

Iels ont arrêté de répondre à mes messages et, au lieu de me retirer des conversations de groupe, les ont juste laissées mourir pour, je suppose, en créer de nouvelles sans moi.

Et bordel, qu’est-ce que j’ai souffert. J’en souffre encore aujourd’hui quand j’y pense trop.

Le plus dur dans tout ça, c’était de ne pas comprendre. Je veux dire, j’ai des idées de pourquoi je me suis faite ghoster comme ça, mais c’est quoi, au fond, la raison de chacune de ces personnes?

Surtout, est-ce que je ne méritais pas un message? Une explication?

Semblerait que non.

Tout ça pour dire, c’est ok de ne plus vouloir être ami.e avec quelqu’un.e. Mais c’est ok aussi d’en parler, de prévenir. Histoire de pas laisser la personne en face dans l’incompréhension.

Parce que ça fait toujours mal de perdre un.e ami.e, mais de savoir pourquoi on a pas été assez suffisant.e, comment on a pu blesser ou pourquoi on ne “convient” pas/plus, ça aide à avancer.

Au fond, c’est comme les relations romantiques. On a tendance à avoir différents standards pour celles-ci. On a plus de règles, d’attentes. Et c’est accepté, même conseillé et célébré.

Pour les amitiés, c’est un peu plus le far-ouest j’ai l’impression. Chacun.e fait ce qu’iel peut/veut et on doit s’en contenter.

Personnellement, je crois au travail dans les amitiés.

Je crois à la possibilité de s’exprimer, de dire ce qui va ou ne va pas, et d’espérer des efforts de la part de nos proches.

Je dirais même que c’est ma plus grosse attente en amitié : l’honnêteté. Que la vérité soit agréable ou qu’elle fasse un mal de chien, j’ai besoin de savoir que mes ami.e.s sont capables de me parler.

J’ai le goût de vous demander si vous, vous faites régulièrement des points sur vos amitiés.

Est-ce que vous réfléchissez à tout ça? Est-ce que vous prenez le temps d’analyser vos besoins, vos attentes, et d’observer si vos proches y répondent suffisamment?

Est-ce que vous êtes heureux.ses dans vos relations?

C’est une grosse question, je sais. J’espère ne pas créer de crise existentielle à la lecture de ce texte!

Merci d’avoir lu jusqu’ici! Vous connaissez quelqu’un qui pourrait aimer ces textes? N’hésitez pas à les partager autour de vous!