Facebook (beurk), Linkedin (beurk), X (beurk), Instagram (beurk), Bluesky, Mastodon, Tiktok, Reddit… la liste est longue. Je crois avoir un compte sur chacune de ces plateformes. Je travaille en marketing, donc j’ai pas vraiment le choix.

J’ai remarqué récemment qu’il y avait une sorte d’envie, surtout avec les plateformes récentes, comme Mastodon ou Bluesky, de “percer” avant les autres. De tirer profit du peu d’utilisateur.rice.s présent.e.s sur ces nouveaux sites, pour se faire connaître. On se dit qu’il y a encore la place pour trouver sa place, sa communauté, obtenir des likes et des reposts avant que de plus gros.ses créateur.rice.s débarquent.

Mais est-ce sain?

Je suis fatiguée

Parler, échanger, commenter, critiquer, encenser, débattre, connaître, se faire connaître, découvrir, râler, dénoncer, surprendre… tout est bon pour obtenir des likes et des abonné.e.s.

Mais pour ça, il faut poster.

Ou partager, repartager, aimer, répondre, commenter, rejoindre des groupes, passer en DM, continuer, rincer, recommencer.

C’est une boucle sans fin. Et pourtant, on est tou.te.s plus ou moins heureux.ses avec ce fonctionnement.

Mais moi, j’ai plus rien à dire.

Je suis fatiguée d’avoir à m’exprimer sur tout, tout le temps, pour me faire remarquer en ligne. Pour obtenir des petits follows d’ancien.ne.s ami.e.s d’université qui sont tombé.e.s sur mon compte par hasard, ou par des personnes que je ne connais absolument pas qui ne répondront plus jamais à mes posts dans le futur.

Je veux une communauté avec qui échanger, rire, partager. Oui. Mais c’est trop de travail.

Je fais déjà de la gestion de communautés et de réseaux sociaux pour mes client.e.s, la dernière chose que je veux c’est avoir à me vendre, moi, sur ces plateformes.

Surtout, honnêtement, qu’est-ce qu’on s’en tape de savoir si j’ai aimé le dernier film tendance ou si j’ai dîné à un bon restaurant la semaine dernière?

Je pourrais les écrire sur un post-it et le ranger précieusement dans un tiroir de mon bureau, ce serait la même chose.

On crie dans le vide, c’est devenu une habitude, une normalité. Et on doit se satisfaire de ça.

Ironie quand tu nous tiens

Et oui, c’est assez hypocrite venant de l’autrice d’un Substack (qui est, lui aussi, un réseau social, on ne l’oublie pas). Mais vous remarquerez que je ne promeus que très peu Chemins Solitaires. (D’ailleurs je suis en train de voir pour quitter la plateforme et transférer mes textes ailleurs, à cause de tout ça.)

En attendant, je pourrais passer mes journées à commenter d’autres textes, à partager des Notes sur Substack pour apparaître un peu plus en ligne, mais… quelle flemme en fait.

Publier pour publier, paraître (faussement) intéressé.e par ce que les autres disent pour pouvoir caler un petit lien vers mon propre site, ça me donne simplement envie de mourir.

Chemins Solitaires c’était, et c’est toujours, un projet personnel, dans lequel j’écris, avant tout, pour moi.

Oui, j’aimerais avoir plus d’abonné.e.s, parce que les questions que j’aborde touchent (apparemment) beaucoup de personnes, mais je suis épuisée par ces espaces en ligne.

(Ce texte fait de moi la pire marketeuse possible. Oopsy.)

Un point de vue qui a beaucoup changé

Pourtant, par le passé, les réseaux sociaux m’ont grandement aidé.

Vivant à Paris, il y a de ça… bientôt 10 ans, j’étais seule. Mais alors, seule de chez seule.

Mes ami.e.s vivaient loin, mon copain de l’époque aussi. Ma famille aussi. Je ne connaissais personne. J’étais stagiaire dans une entreprise affreuse et je vivais la version la plus littérale possible du merveilleux Métro, Boulot, Dodo.

J’allais extrêmement mal. Au point où j’ai dû quitter la ville et retourner vivre chez mes parents tellement j’avais peur d’être seule avec moi-même.

La seule façon de garder la tête hors de l’eau était alors les réseaux sociaux. C’était grâce à eux que je gardais contact avec mes proches. Ou que je pouvais partager une photo de ma sortie dominicale dans un parc, qui allait par la suite ouvrir une discussion avec une amie répondant qu’elle aussi, “elle adore ce spot”.

Pendant longtemps, ces plateformes ont été une véritable bouée de sauvetage.

Aujourd’hui, c’est tout l’inverse.

Je trouve que ces espaces vides ne font qu’accentuer ma sensation d’être seule.

Quand je poste sur Bluesky et que je vois que je n’ai aucun like (ou quel que soit leur nom sur ce site), ça me claque un peu à chaque fois.

Cette réalisation qu’on n’est personne sur ce site, que personne ne nous entend ou ne nous voit, ça peut être très dur à porter pour des personnes déjà sensibles ou fragilisées (oui, bonjour.)

Je ne peux malheureusement pas quitter ces sites, à cause de mon travail. Je dois même être en veille permanente, continuer d’observer les tendances, les nouvelles plateformes et comment les utilisateur.rice.s les utilisent.

C’est peut-être de là que vient ma fatigue aussi.

Je suis bloquée dans ce cycle sans fin de rejet de ces technologies tout en les ayant enchaînées à mes chevilles, comme un boulet qui m’empêche de vraiment déconnecter et d’oublier qu’elles existent.

Ces plateformes promettaient des espaces communautaires et rassembleurs, elles sont, pour la plupart, devenues des murs de brique individuels devant lesquels on peut s’époumoner quotidiennement sans aucun retour.

Merci d’avoir lu jusqu’ici! Vous connaissez quelqu’un qui pourrait aimer ces textes? N’hésitez pas à les partager autour de vous!

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